Cette semaine, nous vous proposons de découvrir les thématiques dispensées par l’équipe pédagogique nationale (EPN) Économie, finance, assurance, banque. Ce domaine regroupe des diplômes et des unités d’enseignement diversifiés, propres à former des experts de terrain.
Alexis Collomb, professeur du Cnam, titulaire de la chaire Finance de marché et directeur de l’EPN Économie, finance, assurance, banque, répond à nos questions pour vous éclairer sur vos futurs choix de formation.
Vous dirigez l'équipe pédagogique nationale EFAB du Cnam. Celle-ci renferme plusieurs thématiques: Économie, finance, assurance, banque. Pourriez-vous définir chacun de ses domaines pour bien en comprendre la finalité
L'équipe pédagogique nationale EFAB est composée des disciplines connexes que sont l'économie, la finance, l'assurance et l’actuariat. Si l'économie cherche notamment à analyser la manière dont les biens et les services sont produits, distribués, échangés et consommés, la finance va principalement se focaliser sur l'ensemble des mécanismes et des institutions qui apportent à notre société les capitaux dont elle a besoin pour fonctionner, en s’appuyant sur la place centrale des banques – qui gèrent l’épargne – et des marchés. L’assurance, elle, va surtout se concentrer sur la gestion des risques auxquels sont exposés entreprises et particuliers, alors que l’actuariat va couvrir l’ensemble des techniques statistiques et probabilistes qui serviront aux assureurs et aux instituts de prévoyance.
Il y a une grande complémentarité et porosité entre ces divers champs qui appartiennent tous au domaine tertiaire, et nous avons un adossement très fort à certains de ces secteurs : ainsi avec l’Enass, nous sommes au cœur de la formation professionnelle pour les assureurs.
Le Cnam est reconnu pour concilier enseignements théoriques et pratiques, et ainsi coller au plus près des besoins de terrain. Comment opérez-vous dans votre équipe pour proposer des formations qui répondent aux besoins des entreprises et des professionnels? Via quelles coopérations extérieures aussi?
Nos formations sont dispensées par un corps enseignant alliant compétences professionnelles et connaissances théoriques. En plus des professeurs du Cnam et des professeurs d’université, nos enseignements bénéficient de l’expertise de professeurs associés et d’intervenants extérieurs qui occupent souvent des positions clés dans diverses institutions (banques, assureurs ou réassureurs, régulateurs, think-tanks, etc.) et qui contribuent au rayonnement et à l’attractivité de nos programmes. De plus, nous repensons régulièrement notre offre afin de l’améliorer, en s’appuyant notamment sur les recommandations du Haut conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur, et les conseils de nos instances, des entreprises et des cabinets RH, et bien sûr de nos auditeurs.
Nous pouvons aussi déployer des formations intra-entreprises ou bien mettre en place des certificats de compétence ou de spécialisation qui répondent le plus souvent à des besoins spécifiques, identifiés comme stratégiques pour les entreprises ou les branches professionnelles. Enfin, nous avons également des partenariats avec d’autres instituts de formation, nationaux ou étrangers, suivant les spécialités.
Le monde évolue, les techniques aussi: quelles sont les innovations en cours ou à attendre dans les filières qui sont les vôtres ? Et quels cursus nouveaux sont susceptibles d'apparaître pour y répondre?
Nous avons essayé d’intégrer de nouveaux cursus qui répondent aux transformations en cours, par exemple avec la mise en place d’un nouveau parcours de finance numérique qui se focalise sur les fintechs et intègre des enseignements sur les actifs numériques, ou avec le déploiement de nouveaux modules sur la finance durable ou le financement de l’innovation. De plus, nos derniers recrutements de spécialistes en économie du travail, en matières premières et transitions durables, et en économie industrielle, visent aussi à nous donner la capacité de répondre à certains grands défis du moment, du réchauffement climatique ou des transformations du travail induites par la pandémie aux enjeux géostratégiques des matières premières dans un monde de plus en plus conflictuel.
Nous essayons également de développer davantage de formations courtes et hybrides, telles que des certificats de compétence ou de spécialisation. Ces certifications peuvent aussi répondre à l’impératif d’un régulateur, ainsi en est-il de notre certification AMF que nous souhaitons élargir à la finance durable. De manière générale, il est clair que la crise sanitaire aura renforcé les demandes pour des cycles de formation courts, éligibles au CPF.
Enfin, question plus large, comment voyez-vous l'évolution de la formation professionnelle à horizon 10 ou 20 ans? Ce sera quoi, la formation de demain? Ils seront comment, les élèves de demain?
Je pense que nous allons aller de plus en plus vers des formations hybrides et personnalisées, c’est-à-dire qui combineront des enseignements dispensés à distance et en présentiel, et qui seront adaptées à chacun par l’utilisation d’outils numériques à différents niveaux. De tels outils devront notamment évaluer les compétences d’un étudiant et le positionner au mieux dans un cursus, puis le suivre et valider les étapes de son apprentissage, et même l’aider à trouver un emploi avec certaines techniques d’intelligence artificielle. De tels outils existent déjà pour la majeure partie, mais ils ont encore une grande marge de progression.
Maintenant, je ne suis pas non plus un forcené du tout numérique et je reste un humaniste convaincu qui pense que les interactions en chair et en os demeurent à la fois irremplaçables et naturellement complémentaires d’interactions dématérialisées de type EdTech (technologie éducative). J’observe également que nos auditeurs sont pour la plupart vraiment contents de revenir dans nos salles de cours, de pouvoir interagir entre eux et avec leurs professeurs, et je trouve cela rassurant.
Quant aux élèves de demain, je ne les vois pas très différents de ceux d’aujourd’hui – bien heureusement la loi de Moore ne s’applique pas au cerveau humain – et tout aussi talentueux, mais je crois qu’ils seront de plus en plus exigeants. En effet, la compétition pour la formation professionnelle s’intensifie, et nous sommes au cœur d’une concurrence féroce pour l’attention de nos apprenants. Je pense également que la mobilité professionnelle va continuer à se développer et que les possibilités de formation tout au long de la vie, financée par un CPF ou tout équivalent futur, seront davantage exploitées qu’elles ne le sont aujourd’hui. Et cela s’inscrit parfaitement dans l’esprit et les missions du Cnam!