L’Intechmer fête ses 40 ans
3 novembre 2021
- Cherbourg-en-Cotentin, 29 octobre 2021, face à la Manche.
Le bâtiment de l’Intechmer, en forme de crabe ou de homard, chacun son interprétation, accueille de nombreux invités – élus locaux, professeurs du Cnam venus tout spécialement de Paris pour introniser un nouveau pair, étudiants – pour marquer d’une pierre blanche cette journée pas comme les autres : les 40 ans de cet institut du Cnam, si loin de la capitale et en même temps si proche par sa fonction même. Apprendre de l’océan, le protéger, et donc, plus largement, se préoccuper ardemment de l’environnement. Voilà une thématique que les grandes métropoles sururbanisées prennent désormais très au sérieux !
En souhaitant un bel anniversaire à l’Intechmer, c’est d’ailleurs en substance ce que Marc Himbert, président de l’Assemblée des chaires du Cnam, a souligné au moment de remettre à Pascal Bailly du Bois les insignes de professeur du Cnam. Récemment nommé titulaire de la chaire Sciences et techniques de la mer et nouveau directeur de l’Intechmer, Pascal Bailly du Bois s’est fendu de l’inexorable rituel de la leçon inaugurale. Tout premier titulaire de cette chaire, deuxième titulaire d’une chaire hors Paris, Pascal Bailly du Bois a expliqué que, contrairement à ce que l’on peut croire, « l’océan est un monde fini et non infini, et que tout impact local équivaut à un impact mondial ». Un concept repris par Stéphane Lefebvre devant les élus du département présents lors de l’événement. L’adjoint de l’administrateur général du Cnam en charge de la recherche a vanté « la capacité du Cnam, et en l’occurrence de l’Intechmer, à créer de nouveaux programmes toujours plus proches des besoins des entreprises et des préoccupations climatiques actuelles ».
Intechmer : aujourd’hui… et demain !
Depuis 40 ans, l’Intechmer forme des étudiants animés par leur appétit des professions de la mer. Des formations de niveau bac+3 permettant d'acquérir des connaissances théoriques ainsi que des compétences techniques dans le domaine. Exploration des fonds marins, valorisation des ressources marines, solutions pour sauver ou pérenniser les espèces, protection de l’environnement : telles sont les missions captivantes – et en constante évolution – qui attendent les diplômés à l’issue de leur cursus au moment de leur entrée dans le monde du travail.
En quatre décennies, l’Intechmer recense plus de 1500 diplômés travaillant dans tous les domaines de l'océanographie partout dans le monde. Une structure pédagogique reconnue et dont la réputation et le crédit dépassent de loin les frontières hexagonales. C’est sans doute dû aussi au fait du soutien sans faille des organisations politiques locales, à l’instar de la Communauté d’agglomération du Cotentin. Sa représentante en charge de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Nicole Belliot-Delacour a confirmé « qu’un nouveau bâtiment à la fois plus contemporain et plus pratique sera construit dans les années à venir sur le même site que le bâtiment actuel ». Il s’agit là d’accroître les capacités de rechercher et de dynamiser encore la vie étudiante locale.
Pour finir, coup de chapeau…
… pour Yann Mear ! Celui qui a présidé aux destinées de l’Intechmer pendant des années, a rendu son tablier et l’a confié à son successeur. Après avoir passé en revue et non sans humour les nombreuses étapes de sa carrière, Marc Himbert, président de l’Assemblée des chaires du Cnam, lui a remis les palmes académiques. Moment de gratitude et d’émotion pour Yann Mear dont quelques gouttes de la Manche si proche ont discrètement coulé sur son visage…
INTERVIEW CROISÉE
Maëlle Lucas et Quentin Passoni sont tous les deux étudiants à l’Intechmer.
La première suit les enseignements du Bachelor Océanographe-prospecteur, le second ceux du Diplôme d'établissement Cadre technique production et valorisation des ressources marines.
Nous les avons rencontrés pour savoir de quoi leur vie étudiante est faite aujourd’hui, et de quoi leur vie professionnelle sera faite demain. Et, entre les deux, de quoi leurs espoirs se nourrissent-ils ?
Pouvez-vous nous présenter votre formation ?
ML : Le Bachelor Océanographe-Prospecteur est une formation professionnalisante concernant une large gamme d’aspects en lien avec l’océanographie, comme la sédimentologie ou l’hydrographie. Grâce aux enseignements théoriques et à l’intervention de nombreux professionnels du milieu de la mer, nous mettons en pratique nos acquis lors d’embarquements qui font partie intégrante du cursus. Nous réalisons également des projets ciblés ainsi que des stages en entreprise.
QP : Le Diplôme d'établissement Cadre technique production et valorisation des ressources marines est axé autour de plusieurs domaines des sciences de la mer, comme les ressources halieutiques (pêche), l’aquaculture animale et végétale, l’aquariologie, les produits de la mer ou encore les biotechnologies marines. Son objectif est de former des cadres techniques polyvalents directement opérationnels sur le marché du travail, et ce dès l’obtention du diplôme.
Le contenu du programme est-il en phase avec ce que vous souhaitiez en entrant dans la formation ?
ML : Quand je suis entrée à Intechmer, j’aspirais à une carrière en lien avec la mécanique des océans ou à la prospection sous-marine. Le contenu du programme est pleinement ancré dans mes projets futurs. En effet, cette formation a pour but de former des techniciens supérieurs océanographes.
QP : Oui, le contenu du programme correspond à ce que je souhaitais, et plus encore ! En première année d’études, je m’attendais à suivre de nombreux enseignements en biologie, mais j’ai aussi découvert d’autres matières telles que la géologie des océans, la météorologie, l’électronique. La diversité de ces enseignements me permet de mûrir mon projet professionnel.
Aujourd'hui à l'école, demain en entreprise : que fait-on avec votre diplôme de l'Intechmer lorsqu'on entre dans la vie active ?
ML : Le diplôme permet une ouverture internationale. Le dragage est un secteur en expansion qui recherche le concours des « Intechmériens », comme bien d’autres encore !
QP : Je pense que la réponse à cette question est simple : on fait ce que l’on veut et on peut être qui on veut ! Cette formation pluridisciplinaire et professionnalisante nous permet d’accéder à un large choix de métiers dans la production et la valorisation des ressources marines : aquariologiste, technicien aquacole, assistant-ingénieur en biologie marine, observateur des pêches, etc. Dans le contexte actuel de Covid-19, les jeunes comme moi sont parfois dans le flou quant à leur avenir. Ce n’est pas mon cas, je sais que ce domaine me plaît, et je sais aussi qu’à la sortie de mes études, je trouverai une organisation correspondant à mon projet professionnel. Pour le moment, j’envisage d’orienter celui-ci dans la microbiologie, et je compte trouver mon stage de 2e année dans une organisation de recherche dans ce domaine. À la fin de mon cursus et grâce à mes stages, j’aurai toutes les clefs pour savoir vers quel métier de la mer je souhaite m’orienter.
Les jeunes s'interrogent sur leur avenir, sur ce qu'ils veulent faire. Que leur diriez-vous pour les convaincre que les métiers de la mer sont une formidable opportunité d'avenir ?
ML : Le milieu de la mer est un secteur d’activités en pleine expansion. Si vous êtes intéressé, passionné par celui-ci et que vous souhaitez y faire votre métier, sans nul doute trouverez-vous « botte » à votre pied !
QP : Depuis mon plus jeune âge, je suis sensibilisé au respect de la nature et à l’écologie. Les nouvelles générations grandissent dans un monde où on leur apprend à protéger et à préserver l’écosystème. Malheureusement, tous les secteurs actuels n’y contribuent pas. Or, les métiers de la mer sont une formidable opportunité de mettre en pratique et de communiquer les valeurs enseignées tout en créant des métiers d’avenir. Ainsi, oui, c’est une opportunité d’avenir, scientifique notamment, pour toute personne passionnée.
Question subsidiaire… et chacun la sienne ! Maëlle, comment voyez-vous votre futur professionnel, au-delà de ce que vous préparez en ce moment ? Comment vous projetez-vous ?
Les récits d’expériences d’anciens élèves nous apprennent que les activités possibles sont multiples, et qu’une carrière ne se limite pas à une seule et unique profession. Les stages effectués au cours des deuxième et troisième années me permettront de me projeter, bien que je commence à me faire mon idée. De plus, le milieu est en constante évolution.
Quentin, on dit que les ressources sous-marines sont sous-exploitées : que devrait-on faire et comment le faire bien (je pense en particulier à l'aspect environnemental du sujet) ? L'avis d'un étudiant sur cette question nous intéresse...
Vous m’avez demandé de répondre en quelques lignes mais, malheureusement, cette question mériterait un roman… J’ai pris la liberté d’en discuter avec mes collègues des autres filières car, pour répondre à cette question, les spécialités des trois formations (voir ci-dessous) sont complémentaires et indissociables. Voici ce qu’il en ressort : une démystification des métiers scientifiques de la mer qui sont bel et bien accessibles à tous ; des pratiques plus responsables en milieu côtier, que ce soit par les professionnels comme par les touristes ; une prise de conscience de l’importance des ressources disponibles mais aussi de leur fragilité.
3 novembre 2021
Les trois formations de l’Intechmer
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