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«
L’agriculture est souvent résumée aux vaches ou
aux champs, et à ce que l’on voit au Salon de
l’agriculture
» soupire Annabel Dominault. «
On
ne parle jamais du produit fini. Or l’agriculture, c’est
aussi de nouvelles techniques et de nombreux dérivés :
l’ameublement, la mode, les énergies, les cosmé-
tiques... !
» Fille d’un exploitant céréalier, cousine de
vignerons ou d’éleveur
·
euse
·
s, la jeune fille de 25 ans sait
à quoi s’en tenir quant aux préjugés qui pullulent sur le
monde agricole. Parce qu’elle veut «
redorer son
image
», elle a lancé en avril 2016 Agrophilia, un
webzine
dédié aux professionnel
·
le
·
s du secteur comme aux néo-
phytes à l’esprit curieux. «
Grâce à lui, je souhaite mon-
trer que la France possède un énorme potentiel avec des
cerveaux et des technologies. Il s’agit ainsi de s’interro-
ger sur l’avenir de notre pays et de notre monde. On voit
que lorsque l’agriculture va mal, l’économie va mal.
»
Un tour du monde pour observer le monde agricole
Cette idée de start-up a pris racine voici plusieurs
années. Son
business plan
est ainsi déjà en cours
d’élaboration lorsqu’elle intègre le MBA Management
d’entreprise du Cnam : un complément d’études orienté
business
pour celle qui sortait diplômée d’une école de
communication et de publicité parisienne. «
Plusieurs
amis m’ont conseillé le MBA du Cnam. Les valeurs de
l’établissement me plaisaient, et puis c’était clairement
celui qui bénéficiait du meilleur rapport qualité-prix !
»,
confie-t-elle.
Près de deux ans après son admission, elle consacre,
sans surprise, son projet de fin d’études à la création de
sa start-up Agrophilia. Et embraye avec un tour de la
planète, afin d’observer les solutions agricoles dévelop-
pées à l’étranger. Et nourrir son site : «
Retransmettre ce
qui se passe en France est déjà vu et revu. On peut
s’inspirer de ce qui se fait ailleurs.
»
En un an, Annabel parcourt une vingtaine de pays : Asie,
Océanie, puis Amérique latine et États-Unis, avant de
regagner son Périgord natal. Là, elle publie chroniques,
interviews et vidéos issues de son voyage et de ses ren-
contres. Et peu à peu, elle creuse son sillon. Aujourd’hui,
son site compte plus de 200 articles. Son premier lecto-
rat ? Les citadins, preuve qu’elle a brisé les frontières du
monde agricole. Il faut dire qu’elle cultive sa différence,
en faisant la part belle aux générations Y et Z et à la
place des femmes dans cet univers réputé masculin,
alors que les femmes représentent «
un tiers des chefs
exploitants agricoles en France.
»
L’agriculture n’est pas qu’une affaire d’initié·e·s
Parce que selon son credo «
on peut comprendre l’agri-
culture sans avoir fait d’études dédiées
», elle donne la
parole à un public éclectique : professionnel·le·s de la
haute couture, étudiant·e·s à Science Po et à l’ENA,
entrepreneur·e·s, médecins,
business angels
,
spécialistes du patrimoine comme de la restauration…
Et n’a pas froid aux yeux : dans le contexte de l’élection
présidentielle, elle a ainsi passé ainsi au grill les
candidat·e·s ou analysé leur programme.
Pour se financer, Annabel a mis en place un système
d’abonnement donnant accès en exclusivité aux articles
les plus complets. Depuis peu, elle a également déve-
loppé une plateforme commerciale pour permettre à de
petit·e·s agriculteurs et agricultrices de proposer leurs
produits. L’amateur y retrouvera des produits culinaires
insolites mais aussi des objets d’ameublement ou de
mode, notamment sélectionnés au gré du tour du monde
d’Annabel. Car, cette agrophile est aussi une insatiable
globa-trotteuse qui prévoit de battre prochainement les-
campagnes d’Afrique, d’Israël et d’Arabie Saoudite !
Aurélie Verneau
2013:
diplômée de
l’Iscom, Annabel
part étudier la
communication,
le marketing et
le management
international un an
aux États-Unis
2014:
elle
intègre le MBA
Management
d’entreprise du
Cnam
Avril 2016:
elle
lance sa start-up
Agrophilia
Avril 2017:
elle
revient d’un
tour du monde
d’observation
d’un an
Portrait
Agrophile 2.0
L’agriculture, un métier vieillissant et un repaire d’hommes ? C’est contre ce cliché à la dent dure
qu’Annabel Dominault se bat avec passion. Voici un an, cette fille d’agriculteur a fondé, dès sa sor-
tie du MBA Management d’entreprise du Cnam, sa start-up, Agrophilia : un site d’informations qui
décrypte l’agriculture sous toutes ses facettes, loin des sentiers battus.
Découvrez le site
Agrophilia:
agrophilia.fr
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