Le Cnam mag' #5 - page 34

34
mag'
Accompagner les réfugiés
au plus près de leurs besoins
Ils sont éthiopiens, syriens, iraniens, nigérians… Douze réfugiés, deux filles et dix garçons, entre 25
et 30 ans. Tous ont suivi les cours de français et d’apprentissage de la culture française au sein de
l’Association Pierre-Claver. Et depuis septembre 2015, les voici également inscrits, grâce au soutien
de l’association, à des formations du Cnam. Une nouvelle étape pour accompagner leur insertion
pour laquelle le Conservatoire entend bien jouer un rôle actif.
«
Le partenariat avec le Cnam est né du désir de
quelques élèves de notre école, qui avaient effec-
tué des études supérieures dans leur pays d’ori-
gine, d’acquérir de nouvelles compétences exploitables
en France
, relate Ayyam Sureau, directrice de l’école
Pierre-Claver située à Paris.
Nous cherchions des for-
mations dirigées vers l’emploi et un établissement qui
possédait une souplesse d’admission. Le Cnam répon-
dait à ces critères. C’est aussi un lieu qui ne valorise pas
seulement les acquis, mais qui s’attache à prendre en
compte la motivation des élèves.
» Aujourd’hui,
Yasaman, Khaled, Masoud, Valeriia
1
et les autres, douze
réfugiés originaires du Proche-Orient, d’Afrique subsa-
harienne et d’Europe orientale, sont inscrits dans des
formations en informatique, RH, droit… Et depuis le
10 février, une convention avec le Cnam est venue officia-
liser l’accompagnement et l’orientation professionnelle
des réfugiés issus de Pierre-Claver.
Démarche empirique
Fondée en 2008, par Ayyam Sureau, ancienne perma-
nente de l’Unesco, et plusieurs avocats, l’Association
Pierre-Claver a progressivement évolué : son école s’est
construite autour et grâce aux nouveaux venus succes-
sifs, demandeurs d’asile, puis réfugiés, accueillis en son
sein. «
Nous avons commencé par des cours d’alphabé-
tisation. Puis nous avons inventé des moments de ren-
contre : ce fut d’abord la course à pied,
se souvient
Ayyam Sureau.
Les bénévoles ont aussi introduit ce
qu’ils aimaient, sans que nous ayons un programme
préétabli. Peu à peu, les choses se sont cristallisées en
activités. Certains cours s’inscrivent dans le temps :
l’histoire, la chorale, la danse... Ou même la littérature :
apprendre le français, c’est difficile, surtout si c’est uni-
quement pour gagner sa vie, parler avec l’assistante
sociale… mais si c’est pour lire Apollinaire, c’est autre
chose !
» Aujourd’hui, l’école compte quelque 150 élèves,
tenus à une assiduité irréprochable, et qui acquièrent au
fil des mois la maîtrise du français et les clés de la
culture française.
C’est en suivant la démarche empirique chère à son
cœur que l’association s’est rapprochée du Cnam à l’au-
tomne dernier. «
Olivier Faron, l’administrateur général,
souhaitait que notre établissement prenne une part
active à l’élan de solidarité en faveur des réfugiés,
relève
Sylvie Ganne, conseillère en orientation et insertion pro-
fessionnelle et chargée de mission sur l’accompagne-
ment des migrants.
Lorsque nous avons rencontré
l’Association Pierre-Claver, nous avons été séduits par
son fonctionnement et nous avons décidé de construire
un partenariat.
»
Informer et accompagner dans la formation
Le Conservatoire s’est ainsi engagé à informer les élèves
demandeurs de Pierre-Claver sur son offre de forma-
tion ; à les accompagner dans l’élaboration de leur projet
professionnel, personnel et de formation ; et à les suivre
tout au long de leur formation. En retour, l’association
finance, grâce à une dotation de l’entreprise Axa, l’ac-
compagnement et les formations des élèves ayant pré-
défini un projet professionnel.
Le Cnam joue ainsi un rôle de conseil essentiel dans le
choix de formation des réfugiés. Une mission d’autant
plus ardue qu’il s’agit d’orienter des personnes connais-
sant peu la sphère entrepreneuriale française.
«
Plusieurs rencontres individuelles sont parfois néces-
saires. Elles sont importantes pour éviter les choix
aveugles
», note Sylvie Ganne. Contenu de la formation,
temps estimé, prérequis... tout y passe.
Et si tous les élèves inscrits ont désormais atteint un
niveau de français qui leur assure l’autonomie, la
confrontation avec le « jargon» universitaire a cepen-
dant de quoi les déstabiliser. «
Il est impossible de com-
prendre les consignes écrites si on ne maîtrise pas la
"langue universitaire",
explique Ayyam Sureau.
C’est
pourquoi nous avons choisi d’instaurer des cours de
français d’insertion universitaire, complémentaires à
leur formation académique.
» De quoi favoriser jusqu’au
bout la réussite de ces élèves au sein du Cnam.
Association
Pierre-Claver
28 bis, rue de
Bourgogne
75007 Paris
.
org
1:
Retrouvez
le portrait de
Valeriia, réfugiée
ukrainienne,
page 35.
I...,24,25,26,27,28,29,30,31,32,33 35,36,37,38,39,40,41,42,43,44,...50
Powered by FlippingBook