Le Cnam mag' #6 - page 10

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Décryptage
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S
tatistiquement, il y avait une chance sur 365.25
(n’oublions pas les années bissextiles) qu’une
journée mondiale soit consacrée aux statistiques.
Rendons donc hommage à Ban Ki-moon, secrétaire
général de l’ONU, qui a décrété le 20 octobre 2010 :
«
nous célébrons aujourd’hui pour la première fois la
Journée mondiale de la statistique, que l’Assemblée
générale des Nations unies a proclamée pour faire res-
sortir l’importance du rôle que joue la statistique dans
nos sociétés
».
Dérivée du mot latin «
status
» qui signifie état, la statis-
tique fut très tôt utilisée par les gouvernements.
Aujourd’hui les statistiques ont vu leurs utilisations s’ac-
célérer et elles sous-tendent de nombreuses décisions
des pouvoirs publics, des entreprises et des collectivités.
De plus en plus de données sont en effet générées, y
compris sur nos comportements, grâce aux différents
capteurs des objets que nous manipulons. Les mesures
sont de plus en plus nombreuses et variées mais aussi de
plus en plus facilement stockables, accessibles et analy-
sables. C’est en 2008 que le cabinet de conseil Gartner a
utilisé pour la première fois l’expression
Big Data
, en
référence à l’explosion des données numériques, que
nous traduisons en français plutôt par l’expression
« données massives ». Et c’est bien la statistique qui
transforme ces données en informations pertinentes
(des «pépites» d’information) pour l’aide à la décision et
la prévision.
L’organisation d’une Journée mondiale de la statistique a
donc pour objectif de faire reconnaître le rôle des statis-
tiques au niveau national et international et de sensibili-
ser le public à leur utilité. Il s’agit d’un plaidoyer afin de
soutenir davantage le travail des statisticiens dans diffé-
rents contextes, cultures et domaines. Près de 200 pays
participent ainsi à cette journée.
Cette année nous en serons à la sixième édition. Pour
montrer l’omniprésence des statistiques, nous pour-
rions présenter une liste (indigeste) en échantillonnant
parmi toutes les applications de la vie courante. Nous
pourrions aussi revenir sur l’importance de décrypter de
façon critique les statistiques assénées sous forme d’ar-
guments d’autorité (ce qui va probablement être particu-
lièrement utile l’an prochain). Néanmoins, la prochaine
fois que vous aurez une prédiction météo ou de temps de
parcours, pensez à HG Wells (1866-1946) qui déclarait :
«
la pensée statistique sera un jour aussi nécessaire au
citoyen que le fait de savoir lire et écrire
».
Avner Bar-Hen
Pourquoi existe-t-il une
journée mondiale de la
statistique?
L
e 23 juin 2016, les citoyens du Royaume-Uni ont
décidé, à 51,9%, de quitter l’Europe qu’ils avaient
intégrée en 1973. Cette rupture sonna comme un
coup de tonnerre dans le ciel européen : c’est en effet la
première fois qu’un pays membre décide de quitter
l’Union européenne, depuis les Traités de Rome de 1957.
Les conséquences d’un tel événement sont à la fois ini-
maginables et bien réelles. Tout dépendra de la date, du
rythme et du contenu des négociations de divorce qui
auront lieu entre l’UE et le Royaume-Uni. Elles devraient
débuter en 2017. Pour l’heure, les questions l’emportent :
la livre sterling va-t-elle décrocher ? (En octobre 2016,
elle a déjà perdu 16% depuis le référendum). La
city
de
Londres, première place financière européenne, verra–
t-elle ses clients l’abandonner ? Comment la Grande-
Bretagne va-t-elle organiser ses relations avec le marché
unique (comme la Suisse, la Norvège, l’Association euro-
péenne de libre-échange, AELE) ? L’Écosse, très euro-
péenne, voudra-t-elle quitter le Royaume-(dés)Uni ?
Comment organiser l’enseignement supérieur en
Grande-Bretagne, sans Erasmus, sans accès aux fonds
européens? Faudra-t-il instaurer un visa entre le pays et
l’Union européenne, puisque le passeport européen ne
sera plus accessible aux Britanniques? etc.
Les questions sont multiples. L’avenir incertain.
Toutefois, plusieurs certitudes doivent être mention-
nées. D’abord, le Brexit est irréversible : croire qu’il ne se
fera pas ou que finalement rien ne changera vraiment
serait une grave erreur. Ensuite, les difficultés seront
plus grandes pour les Britanniques que pour le reste de
l’Union : les 27 continuent en effet de bénéficier du mar-
ché unique et de tout l’acquis communautaire, alors que
Londres va se retrouver sans solidarité collective pour
gérer le choc économique du Brexit. Enfin, le Brexit est
une crise avant tout britannique. Cela ne veut pas dire
que l’Europe ne connaît pas de difficultés, mais les deux
doivent être séparées : l’Europe doit gérer son divorce
avec Londres le mieux possible, mais elle ne doit pas
attendre la solution de ce divorce pour relancer sa
propre construction et renforcer à l’avenir l’attractivité
du projet européen.
Nicole Gnesotto
Le Brexit... and after?
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