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Vu d’ailleurs... avec Christine Albanel
La RSE donne du sens, mobilise
les salariés et doit exprimer
l’ambition de la marque»
Christine Albanel est directrice RSE, diversité, partenariats et solidarité chez Orange. Alors que la
loi française oblige, depuis 2014, les entreprises cotées sur un marché réglementé à publier des indi-
cateurs RSE et développement durable dans leur rapport annuel, elle revient sur le sens à donner à
cet engagement sociétal.
La responsabilité sociétale des entreprises (RSE) est
un concept relativement récent, et encore mal connu
du grand public. Pouvez-vous nous donner votre
définition?
C’est en effet un concept très large
: c’est son éthique,
son exemplarité, et aussi son engagement, sous toutes
les formes, au service de la société. Il y a, bien sûr, la
nécessité de satisfaire à des normes, à la fois nationales
et européennes, mais il faut aller bien au-delà
: la poli-
tique environnementale, la politique des achats qui doit
être très exigeante, et très «équitable», toutes les poli-
tiques de solidarité font partie de la RSE. Et c’est elle qui
donne du sens, qui mobilise les salariés et qui doit expri-
mer l’ambition de la marque.
Qu’est-ce qui caractérise le plus une bonne
démarche RSE ?
C’est sans doute l’engagement des salariés. Pour une
entreprise comme Orange, qui a dans son ADN une
dimension de service public, cet engagement est vrai-
ment identitaire. Il consiste à répondre à des attentes, à
des besoins, à des préoccupations. C’est une certaine
façon d’exercer notre métier d’opérateur. Plus exigeante,
plus éthique et ne faisant pas l’impasse sur un certain
nombre de préoccupations, qui rejoignent d’ailleurs sou-
vent les attentes du public, mais qui ne sont pas néces-
sairement génératrices de chiffre d’affaire.
Donc certaines actions RSE ne se traduisent pas
toujours par un ajout de valeur à l’entreprise ?
Il y a bien sûr un ajout de valeur en termes de réputation,
ce qui est très positif pour la marque, et aussi sans doute
de meilleures performances de la part de salariés enga-
gés, mobilisés. C’est très important mais ce n’est pas le
premier objectif de la politique RSE, qui vise à donner du
sens, et à apporter des choses aux sociétés dans les-
quelles l’entreprise opère.
Si on prend l’exemple de l’environnement, nous avons un
volet «récupération des mobiles». La collecte des vieux
terminaux se fait, pour une bonne part, grâce à des
offres de reprise de votre ancien mobile
; les gens sont
donc incités à s’en défaire pour acheter un nouveau
mobile chez Orange, à moindre coût. Si cette opération
génère du business, en même temps elle rapporte moins
de chiffre d’affaire. Nous portons cependant ce projet
parce que récupérer les terminaux, les recycler, per-
mettre à un certain nombre d’intégrer le marché de
l’occasion, notamment dans les pays africains, est un
beau projet pour l’environnement.
Le grand public n’est-il pas de plus en plus méfiant
quant à la sincérité de ces actions?
Tout à fait, il peut y avoir ce genre de réaction, spéciale-
ment en France. C’est une difficulté qui ne se présente
pas dans d’autres pays. Par exemple, nous avons un pro-
gramme en Afrique qui a permis, d’ores et déjà, l’équipe-
ment numérique de 300 écoles dans cinq pays. Cela
grâce à la distribution de tablettes, à la mise à disposi-
tion de serveurs, pouvant être utilisés partout, et conte-
nant les programmes scolaires, Wikipédia, les vidéos de
la
Khan Academy
… Localement, ce programme a été
largement relayé par la presse. En France, c’est culturel,
il y a une grande réticence, surtout chez les médias, à
propos de ce que les entreprises peuvent faire. Comme
«